Votre associé n’est pas parfait. Tant mieux !
L’associé parfait est un mirage
Un mythe tenace et contre-productif. On s’est tous déjà surpris à penser :
Si seulement mon associé
- ...était plus disponible
- …plus à l’écoute.
- …moins fermé.
- …s’il osait reconnaître ses limites.
- …s’il acceptait les remarques sans se braquer.
- …s’il prenait sa part de responsabilités.
- …s’il voyait les tensions comme des signaux d’alerte plutôt que comme des menaces.
La liste pourrait continuer à l’infini.
Au fond, combien d’entre nous, nourrissons-nous secrètement l’espoir de transformer notre partenaire en associé parfait ?
Cette quête, aussi humaine soit-elle, est un poison pour la collaboration. Car l’idéal de l’associé parfait, celui qui correspondrait exactement à nos propres critères, ne génère que projections, frustrations et désillusions.
Et puis, soyons honnêtes : si nous attendons la perfection de l’autre… il y a fort à parier que, de son côté, nous soyons aussi un mirage pour lui, non ?

L'associé parfait : des attentes irréalistes
À quoi ressemblerait votre associé idéal ?
Je vous partage le mien qui a les traits d'un associé complet :
- excellent dans son domaine, sans failles,
- fiable, (même ultra fiable), capable d'écoute, flexible
- entrepreneur, une force de travail, résolument orienté solutions
- capable de s'adapter à tout et de se remettre en cause aussi
- leader naturel,
- et, ne cherche ni à me controler, ni à s'imposer.
Et bien ce super-héros de mon business n'existe pas !
La vraie clé, ce n'est pas de chercher ce "super-associé", mais de définir ce qui compte vraiment pour soi :
- ses valeurs non négociables,
- ce qui serait inacceptable,
- le cadre relationnel qui sécurise et nourrit la confiance.
Et d'accepter que l'autre soit ce qu'il est : un humain et non un super-héros.
Les dégâts collatéraux de ces exigences
Quand la perfection devient l'étalon de mesure, plusieurs dynamiques toxiques s'installent :
La pression monte.
Au lieu d’être eux-mêmes, les associés se mettent à jouer un rôle. Ils taisent leurs doutes, n’osent pas montrer leurs limites, de peur de décevoir. Résultat : le stress grimpe, et l’énergie créative s’épuise.
Les faux-semblants s’installent.
On survend ses réussites, on cache ses galères. Petit à petit, la sincérité disparaît et la confiance s’effrite. Et franchement, comment collaborer efficacement si on ne connaît pas les vraies forces (et faiblesses) de son partenaire ?
La confiance s’écroule.
Quand la réalité ne colle jamais aux attentes irréalistes, les déceptions s’accumulent. Et ce qui pourrait être une simple différence devient un conflit permanent.
Bref : vouloir l’associé parfait, c’est se condamner à l’insatisfaction et à l’épuisement.
Les risques de l’idéal de la collaboration
Après avoir fantasmé l’associé parfait, beaucoup tombent dans un autre piège : croire qu’il existe une collaboration idéale. Celle où tout serait fluide, sans tension, où chacun penserait pareil et où les décisions s’aligneraient naturellement. Un peu comme un couple qui ne se disputerait jamais. Tentant… mais irréaliste.
Car viser cette perfection relationnelle est tout aussi dangereux que rêver d’un associé idéal. Pourquoi ? Parce que cela crée des tabous, des projections et des silences qui finissent par miner l’alliance.
Chercher l’harmonie parfaite revient souvent à bannir tout désaccord. On ne dit plus ce qui dérange, on fait semblant que tout va bien. Sauf qu’une collaboration sans frictions n’existe pas. Les tensions, au lieu d’être régulées, s’accumulent en silence… jusqu’à exploser, parfois de façon disproportionnée.
Chacun a sa propre définition de ce qu’est « une bonne collaboration ». Pour l’un, c’est la rigueur et la précision ; pour l’autre, c’est la créativité et l’audace. Ces visions divergentes de l’idéal se confrontent, et comme personne ne les explicite vraiment, elles alimentent malentendus et frustrations.
Quand exprimer un désaccord ou montrer ses limites devient tabou, les conversations se vident de leur substance. On contourne les sujets stratégiques, on se concentre sur des discussions de surface, et peu à peu, la qualité du dialogue s’érode. Ce ne sont plus les différences qui posent problème, mais les non-dits qui les recouvrent.
En réalité, la collaboration idéale n’existe pas plus que l’associé parfait.
Une collaboration vivante n’est pas une entente permanente, mais une capacité à ajuster en continu. C’est accepter les désaccords comme normaux, les tensions comme des signaux d’alerte, et les différences comme des leviers d’équilibre.
Mieux collaborer ensemble : accepter l'imperfection
L'humilité comme fondation
Reconnaître que personne n’est parfait, c’est facile à dire… mais beaucoup moins à vivre dans un partenariat. Dans les faits, accepter ses propres limites demande du courage et reconnaître celles de son associé, sans jugement ni reproche, demande encore plus de maturité. L’humilité n’est pas se rabaisser. C’est savoir dire « Je me suis trompé », « Je n’ai pas la réponse », ou encore « J’ai besoin d’aide ». Et ça, dans un duo d’associés, ça change tout. Parce qu'on ose dire les choses, tester, échouer, ajuster. Sans humilité, chacun campe sur son rôle de « celui qui sait », et la relation se bloque.
Bref, l’humilité n’est pas une option morale ou une belle valeur à afficher, elle est un outil concret de collaboration.
La richesse (et le défis) de la diversité
On dit souvent que la complémentarité est une force. C'est vrai ! Mais elle le devient à condition d’être reconnue, acceptée et mise en valeur.
Un associé organisé et méthodique, peut s’agacer face à un associé plus créatif et changeant.
Un profil diplomate et attentif aux relations, peut trouver qu’un associé direct et tranchant, va trop vite et bouscule trop.
Un associé soucieux de performance et de rapidité d'actions, peut trouver son partenaire prendre (beaucoup) trop de temps à décider !
.....
Ces frottements sont classiques, des façons différentes d’aborder la réalité. Cette diversité de rythmes, de styles et de priorités peut devenir un atout… à condition de la nommer et de l’accepter.
Le dialogue comme outil d'ajustement
Dialoguer recalibre la collaboration en continu.
Des commentaires réguliers et sincères comme : « voilà ce qui marche bien entre nous » et aussi « voilà ce qui coince pour moi » sont des moments d’échange qui ouvrent. Ils permettent de tester, d’essayer autrement, de réajuster encore. C’est un processus vivant, évolutif, qui rend la collaboration plus robuste à chaque étape.
De l’idéal au réel : faire équipe
Des réussites construites sur l’authenticité
Soyons clairs : les associations qui tiennent ne sont pas celles qui frôlent la perfection.
Ce sont celles qui savent composer avec leurs différences et leurs complémentarités.
L’un est à l’aise avec les clients mais se perd dans les chiffres.
L’autre gère la technique mais panique à l’idée de prendre la parole en public.
Eh bien, tant mieux ! Ces écarts, une fois assumés et organisés, deviennent de vraies forces.
Se donner des espaces pour parler vrai
Accepter l’imperfection, c’est bien et ça ne suffit pas ! Encore faut-il en faire quelque chose.
Et pour ça, pas de magie : il faut des rendez-vous réguliers.
- Un point sur le fonctionnement,
- Un feedback donné sans agressivité,
- Un moment pour aligner vos priorités.
Ces petits rituels simples évitent que les irritants s’accumulent… et explosent plus tard.
Quelques leviers concrets
- Écouter vraiment avant de juger.
- Assumer qui tranche quand vous n’êtes pas d’accord.
- Valoriser les progrès plutôt que compter les erreurs.
- Chercher de l’aide externe quand vous tournez en rond.
La vraie force, c’est la compétence collective.
Un associé parfait ? Un mythe.
Une collaboration idéale ? Une illusion.
Mais des associés capables de se dire les choses, de s’ajuster, d’apprendre et de traverser ensemble les secousses ? Ça, c’est une force.
Parce qu’au fond, la solidité d’une alliance ne se mesure pas à l’absence de défauts. Elle se mesure à la capacité du groupe à mobiliser ses ressources, à créer des synergies qui dépassent la somme des forces individuelles.
S’associer = développer une compétence collective, fruit d’expériences partagées et d’une coopération sincère au service de la performance de l'activité et de sa durabilité.
Oui, cette dynamique est exigeante. Elle demande de l’engagement, de l’écoute, une vraie capacité à co-construire justement parce que nous ne sommes jamais parfaits.
Christine, 20 septembre 2025